3 Commentaires
févr. 7, 2023·modifié févr. 7, 2023

Également, connaissez-vous le concept de "Hegemony on a shoestring" ("hégémonie via des bouts de ficelle" ?) développé par Yvan Guichaoua ?

Je trouve très pertinente son analyse du fait que les États africains nés de la colonisation n'ont le plus souvent pas cherché à contrôler le territoire ni la population, mais seulement à empêcher l'émergence de forces capables de s'opposer à eux plutôt que de chercher la cooptation.

Cela me paraît un facteur explicatif important de l'impasse dans laquelle ils se trouvent lorsqu'émerge une force qui ne montre aucun intérêt à être cooptée dans les instances de pouvoir existantes...

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Très très intéressant texte...

Je regrette seulement que vous négligiez l'histoire et la fonction particulière des armées africaines, qui ont toujours eu comme vocation, en tant qu'héritières des armées coloniales, de combattre leur propre peuple plutôt qu'un agresseur extérieur¹.

Il y a bien sûr eu des évolutions depuis, et il existe des soldats et des officiers patriotes (plus ou moins éclairés théoriquement, développant un patriotisme plus ou moins cohérent ou autoritaire) mais je n'ai pas connaissance de travaux sérieux sur la question, malheureusement.

Par ailleurs vous êtes très optimiste sur les limites que "la respectabilité" impose à l'armée française - il serait intéressant d'avoir une analyse moins dogmatique et plus concrète de cet aspect, qui n'est pas inexistant, vous avez raison sur ce point, mais n'est pas univoque contrairement à ce que vous semblez indiquer.

Enfin vous minimisez (c'est une constante de vos écrits) les erreurs absolument fondamentales de l'armée française engoncée dans son approche coloniale (lire Rémi Carayol sur le sujet, qui reste d'ailleurs très gentil), qui ont impactées le résultat final probablement au moins autant que les limites des états sahéliens.

Vous négligez également que "si les gouvernements et les armées du Sahel s’étaient effectivement entendus sur une doctrine unifiée et qui serait ajustée à ce plan", il est probable que cette doctrine aurait amenée à mettre en avant des objectifs d'autonomie politique du Sahel et que cela aurait été intolérable aux impérialistes.

Vous soulignez souvent les énormes faiblesses internes des peuples et organisations sahéliennes, et vous avez raison de le faire, suivant ainsi le mantra de Cabral "la force de l'ennemi, ce sont nos faiblesses" (et surtout quand quasiment plus personne ne cherche à justement à faire sérieusement le travail de renforcement des capacités internes), mais cela ne devrait pas vous amener à négliger la contrainte extérieure dans laquelle ces faiblesses se produisent.

¹ exception bien sûr faite des armées révolutionnaires comme en Guinée-Bissau, en Ouganda, en Érythrée ou au Rwanda, même si malheureusement le résultat n'a pas été idéal non plus

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Merci, pour ce point de vue fort intéressant.

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