17 Commentaires

Bonjour, je prends connaissance (via Michel Goya) de votre blog : vos analyses à la fois robustes et nuancées sont remarquables, merci ! Moi-même artiste français vivant en Afrique du Nord depuis 10 ans et au vu de mes activités, j'ai été plus personnellement intéressé à ceci dans votre texte :

"Cette politique néocoloniale avait plusieurs facettes, lesquelles n’étaient pas toutes aussi terribles que ses critiques – en particulier ses critiques africains – se l’imaginaient. Néanmoins, elle était étouffante, que ce soit pour le bien qu’elle souhaitait faire (par exemple le financement de la vie culturelle (...)".

Si vous en aviez le temps et l'envie, je serais très curieux d'en savoir plus de votre vision des choses, notamment si cet étouffement est en soi lié à ce que le financement provienne de l'ancienne puissance coloniale, s'il est lié à ce qui est financé et comment cela l'est...

En tout cas je ne manque pas de diffuser vos textes.

Henri jules Julien

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Bonjour, réponse très tardive, malheureusement. L'écriture était ici un peu hâtive: ce que j'ai voulu dire, c'est qu'il y a une impression d'étouffement, quelque chose de subjectif. Reste à savoir d'où provient cette impression. J'ai ma petite idée là dessus... Vous pouvez toujours me faire un mail pour la suite

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La complexité de la problématique de la relation dégradée entre la France et les populations sahélienne et africaine s’accroit au fil des jours. Il n’est pas surprenant de constater la radicalisation de la jeunesse majoritaire dans la région qui est éduquée sinon en majorité alphabétisée.

Il me semble que votre analyse fait abstraction d’un certain nombre de circonstances qui ont été soit ignorées, soit minimisées par les autorités françaises et locales dans la zone.

1. Contrairement à votre opinion que Serval et Barkhane auraient échappé au conatus néocolonial, la question de Kidal a constitué par excellence la démonstration de ce conatus avec tout ce qu’il implique de paternalisme, déploiement de la puissance militaire, d’arrogance et de défi vis-à-vis de l’Etat malien. Je note que vous avez soigneusement évité cet épisode qui mit fin à la carrière d’un ambassadeur de France à Bamako qui s’y opposait, et qui est en réalité une humiliation à la base des différents entre l’armée malienne et Barkhane, des années durant.

Il est incorrect et irréaliste d’affirmer que les rumeurs folles d’un soutien de la France à des djihadistes soient irrationnelles lorsque la France effectivement protégé et sanctuarisé les agresseurs de l’Etat maliens contre le gouvernement malien. Ceci est FACTUEL. Pour la population meurtrie et victime des coups répétés des terroristes, cela équivaut logiquement à un soutien aux djihadistes.

2. Les réactions contradictoires de la France, à l’occasion des récents coups d’état militaires dans le Sahel procèdent de ce même conatus, comme le sont les pressions à peine discrètes des leaders français sur les chefs d’état et Organisations régionales du continent pour mettre en difficulté les leaders issus de ces coups d’état. Cet activisme de la France, FACTUEL, est perçu par la jeune génération comme une tentative de ramener aux affaires une classe politique décriée qui a servi ses intérêts des années durant. Dans ces conditions, il est loin d’être prouvé que l’intervention française nécessaire du moment « se fait véritablement dans leur intérêt » comme vous l’affirmez.

3. La population africaine est en majorité jeune, entreprenante, « branchée » et informée. Contrairement à la situation française, le nationalisme africain n’est ni raciste, ni xénophobe. Je ne sache pas qu’être fier et s’opposer au dictat d’autres qui pensent savoir qui doit être votre leader soit un nationalisme pervers. Il est insultant de qualifier de « pétulance de meute », l’expression légitime d’une jeunesse dont la « faim nationaliste » dans l’acceptation ci-dessus ne devrait inquiéter que ceux qui pourrait penser y perdre quoi que ce soit. Il s’agit ici d’un nationalisme positif et une prise de confiance en soi après 60 ans d’apathie.

L’erreur majeure dans laquelle persiste le gouvernement français est de conserver « le style cassant et péremptoire » que vous avez relevé, dans la gestion de la crise actuelle. A ce moment, la population africaine prend directement à son compte les injonctions et ultimatums de ministres français à des leaders qu’ils soutiennent majoritairement pour les avoir délivrés de gouvernants décriés et considérés à la solde de la France justement. Elle se sent donc personnellement agressée et insultée à chaque fois que Le Drian, Parly ou Emmanuel Macron vilipende les leaders en place. FACTUEL. Dans le Sahel, la marge de manœuvre des gouvernants se réduit comme peau de chagrin au moment où la rue pèse de plus en plus sur les prises de décisions des gouvernants locaux... Ceci est extrêmement dangereux.

Il s’ensuit que loin d’apaiser la situation, la France, dans sa hantise de la Russie est dans une fuite en avant, fait une évaluation erronée de la réalité et envenime la situation avec les menaces et l’agression multiforme. Elle n’a pas pris la mesure réelle de KAYA et TARA.

En résumé, je partage votre sentiment que ce qui se préparé est une grave catastrophe, d’abord pour le Sahel, mais aussi accessoirement pour l’Europe et la France. Toutefois, je conteste votre opinion qu’il n’y a pas « de bases factuelles » au développement du regrettable sentiment antifrançais du moment et que « les Sahéliens sont en train de vivre une défaite de la pensée et un effondrement intellectuel ». La jeunesse sahélienne réagi aux stimuli des actions de la France dans la région. Désormais, la population s’est invitée dans le jeu qui se jouait jadis entre gouvernants français et politiciens africains souvent aux ordres. Il a échappé aux Organisations régionales et à la France qu’il faille désormais calibrer leurs discours et actions afin de les rendre surtout acceptables à la Population. Montpellier n’aura pas beaucoup servi.

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Bonjour Bona, j'ai vraiment l'impression que ce texte a besoin d'un appendice expliquant son intentionnalité. Il ne s'agit pas de se faire l'avocat de la France, ce qui, au vu de votre réaction, revient pratiquement à être l'avocat du diable, mais d'appeler les Sahéliens à dépassionner leur rapport à la France et à se focaliser sur leurs propres responsabilités et partant, leurs propres possibilités. Mais le texte est, malgré moi, réinscrit (au moins par certains, dont vous) dans la bataille passionnelle contre la France et lu comme une sorte d'analyse incompétente visant à décharger cette dernière de tout le poids de ses méfaits et inconséquences. Certains des points que vous soulevez me semblent excessifs et émotionnels, d'autres sont bien connus de moi (la fameuse affaire de Kidal, que j'ai personnellement dénoncé au moment où elle se produisait -- voir ceci: https://lakkal.wordpress.com/2013/11/11/ze-french-way-a-kidal/ et ceci: https://lakkal.wordpress.com/2013/11/04/a-12-km-de-kidal/). Je comprends que vous ne connaissez pas mon travail, mais ne préjugez pas de mon incompétence et de la nature profondément sahélienne et africaine de mes sentiments, donnez moi le bénéfice du doute, et écoutez calmement ce que je dis, même si cela vous heurte. Reconnaissez, dans tous les cas, qu'il n'y en a beaucoup qui parlent comme moi, et c'est un signe de quelque chose de troublant. Cela dit, je ferai un annexe de cet essai d'ici peu. Merci de votre réaction, puisqu'elle s'ajoute à toutes celles qui me poussent à le faire.

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Cher frère,

Commenter des opinions à chaud fait toujours courir le risque de passer à côté de quelque chose et d’insuffisamment expliciter sa pensée. A vous lire, je veux croire que cela me soit arrivé. Votre analyse est très intéressante et le fait qu’elle ait suscité autant de réactions en est la preuve. Je vous prie donc de lire le papier que vous m’avez inspiré et que j’ai publié sur mon blog hier nuit. Il devrait pouvoir équilibrer votre sentiment. https://wordpress.com/view/bmsodonon.wordpress.com

Vous-même du Niger et moi du Bénin, ne pourrions en aucun cas être accusés d’incompétence quand notre racine commune est concernée, car nous connaissons mieux que personne l’objet de ce tourment que nous vivons dans notre chair quotidiennement. En outre, certains d’entre nous qui sommes binationaux et de la génération qui a failli vis-à-vis de la population majoritairement jeune de cette Zone, vivons un dilemme qui, si nous n’y prenons garde, pourrait influencer nos perspectives sur la gêne qui s’accentue entre nos 2 mondes.

En réalité, comme je l’exprime dans mon papier, il y a une complexité telle, de la situation actuelle, que la lecture qui peut en être faite est multiforme. En tout état de cause, dans le Sahel on ne peut nier la base factuelle du ressenti des populations, car depuis 2 décennies au moins, le Sahel est une zone d’actions et de réactions de toutes natures.

Enfin, permettez moi d’assumer l’émotionnel que vous auriez pu percevoir dans mon commentaire. En effet, les djihadistes mis à part, toutes les parties à la crise dans la région sont dans la réaction, et à ma surprise, la France plus que quiconque.

C’est un plaisir de continuer à réfléchir ensemble sur dilemme que nous partageons.

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ADDENDUM

J’ai peur que le vecteur choisi pour convoyer votre message n’ait phagocyté votre objectif de « d'appeler les Sahéliens à dépassionner leur rapport à la France et à se focaliser sur leurs propres responsabilités et partant, leurs propres possibilités ».

En effet, le titre du papier lui-même, autant que certains passages collent à la crise du moment et limitent le contexte à la montée du sentiment antifrancais aujourd’hui. Le malentendu persistera dans ces conditions.

Il me semble difficile pendant qu’ils se font massacrer chaque jour et sont plus préoccupés par la survie, de leur présenter la proposition salutaire que vous faites … pour le futur. La distraction est telle aujourd’hui … Au Mali par exemple, votre message serait idéal au moment où l’étau djihadiste aurait été desserrée et les élections tenues. La France bouc émissaire aurait été oubliée.

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Remarquable effort (il faut bien l'appeler ainsi, à cause du risque de la singularité, au milieu de la foule vociférante), de lucidité, de courage et de rigueur, face à la pensé unique sous nos tropiques: ici, la haine du "blanc", le refus d'assumer notre part d'autocritique et la facilité des raccourcis imputant presque tout à la faute originelle de la colonisation, produisent un surcroît de tragédie et entretiennent la machine de l'échec. Jamais l'opinion dominante au Sahel n'a semblé aussi proches de la propagande salafiste et il s'agit, là, d'une convergence qui ne doit rien au hasard, ni à l'accident. Elle a désormais ses propres doctrinaires et sa rhétorique du transfert de culpabilité ne cesse de gagner les foules. Le nazisme renaît de ses cendres, bien plus au sud de son substrat historique.....Quel intellectuel africain oserait soutenir un tel argument, en public, malgré l'évidence?

En attendant, Monsieur, savourons ces lignes sublimes: "Étant donné la diabolisation des chrétiens et des Français qui ont conduit à ces actes des violences, je ne peux m’empêcher de penser à l’antisémitisme, à la vision des Juifs qu’ont les antisémites comme source de toutes les misères du monde, à la conviction qu’ils contrôleraient tout et son contraire au nom d’intérêts immenses et cachés, et aux attaques de magasins juifs et aux pogroms à quoi cela a abouti. Bien entendu, les Français, contrairement aux Juifs, peuvent se défendre – mais cela n’empêche pas que, sur cette question précise (mais elle n’est pas la seule), les Sahéliens flirtent avec une catastrophe morale".

Salut révérencieux et hommage à la qualité!

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Votre explication, me semble la bonne, effectivement. Mais on peut y ajouter qu'elle est le terreau sur lequel a pu prendre avec un succès inattendu la propagande russe, tant au travers de ses agents africains objectifs, dont certains ont leur rond de serviette à Sotchi, que par le truchement des milliers de faux comptes africains déversant leur propagande haineuse depuis les usines à bot de Saint-Petersbourg.

C'est sans doute pour moi le plus grand drame de toute cette histoire: la jeunesse africaine et hélas nombre d'intellectuels sont tellement obsédés par leur haine de la France qu'ils négligent complètement le fait que le pouvoir qui prétend la remplacer est bien pire et n'a lui aucun scrupule.

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Lorsque j'étais plus jeune, nous étions toutes et tous francophiles et fiers de notre culture française; que s'est-il passé en 30 ans pour que cette situation change? Quand je discute avec des mauritaniens plus jeunes que moi (de 30 ou 20 ans), je constate que leur principal grief est essentiellement la conséquence des prises de position de extérieures de la France (Israël, appui aux putschistes africains, ...), la situation intérieure de la France (hijab, islamophobie, chasse aux migrants, ...) et l'abandon de l'aide aux jeunes (par exemple bourses pour les élèves les plus brillants, construction de stades, recrutements dans les entreprises françaises localisées en Afrique, ...).

Quand j'essaie de défendre la France, moi qui assume mon Islam et ma culture française, je suis vite mis en minorité car les arguments sont tellement forts et nombreux contre la France qu'il est difficile de la défendre efficacement.

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Bonjour. Je ne pense pas qu'il soit possible de "défendre" la France puisque tout ce qu'elle fait est par définition mauvais, même ce qui part d'une bonne intention, comme l'initiative de Macron de parler à la jeunesse et à la société civile africaines à Montpellier, qui a été uniformément mal prise en Afrique francophone, ou ignorée comme sans importance. Pourtant, la France actuelle est bien moins malveillante que celle d'antan. Il y a moins de Françafrique, plus d'antiracisme, etc. Ce sont les Africains francophones qui ont évolué vers une direction propre à eux, dans un contexte nouveau de mondialisation et de néolibéralisme favorable aux attitudes extrémistes sans raison locale. Il y a d'ailleurs des accusations tout à fait justifiées, notamment le peu de soutien véritable à la démocratie, et le fait que la politique culturelle est devenue le parent pauvre de la politique française en Afrique (même le "sommet de Montpellier" n'a abouti qu'à une somme ridicule pour engager des actions dans cette direction). Le problème, c'est que des reproches raisonnables sont hystérisés maintenant -- essentiellement du fait de l'expansion des réseaux sociaux, surtout WhatsApp (l'Afrique en est, paraît-il, le premier usager) et Facebook qui intensifient (à dessein paraît-il) les affects négatifs et créent des effets de bulle dans lesquelles on n'entend que l'écho de sa propre rage et de ses propres émotions, et où chacun peut parler de sa seule autorité et convaincre des multitudes auxquelles il n'avait pas accès auparavant. Cela propage les raisonnements simplistes et les théories du complot bien plus que les idées sophistiquées et les théories scientifiques. C'est ce qui a conduit aux événements du 6 Janvier à Washington, par exemple... Il est très difficile, voire impossible de crever cette bulle avec l'arme de la raison et de l'empirisme, d'où votre désarroi

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Cheikh, il ne faut pas céder au chantage de la facilité et du nombre! Un mensonge proféré par la majorité n'en devient pas juste pour autant....

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Merci beaucoup. C’est très instructif. C’est très difficile de trouver des arguments en faveur de la présence française en Afrique. La France si on regarde sa politique à l’intérieur, continue d’être dirigée par des personnes très conservatrices, très réactionnaires et très paternalistes vis-a-vis des minorités qui vivent sur son territoire. Et l’élection qui arrive montre que ça penche de plus en plus vers l’extrême-droite. Or sa politique intérieure est également le reflet de ce qu’elle entreprend à l’extérieur notamment en Afrique. La France n’a jamais changé de paradigme. Elle plus elle est en déclin, plus sa faiblesse se voit. Comment croire qu’un pays lutte contre le djihadisme en ayant des politiques racistes et islamophobes a l’intérieur? Comment croire la France quand elle laisse l’extrême-droite monter et laisse des neonazis dans son armée? Comment croire la France quand les ventes d’armes sont la priorité de son agenda? Comment croire la France quand elle ne comprend pas que ses dirigeants sont souvent arrogants et méprisants et racistes avec les minorités et qu’elle laisse l’idéologie de grand remplacement se propager? Comment croire l’état français quand il ment a ses citoyens sur les nombreux crimes sur le continent africains et préféré maintenir le mythe de nation glorieuse et bienfaits du colonialisme? Le jour où la politique intérieure de la France aura pris une autre trajectoire, on croira aux bonnes intentions de ce pays. En attendant ce sont ses armées et multinationales qu’il faut t’émigrer et grand remplacer en Afrique!!!

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Bonjour Sara. Je ne suis pas un avocat de la France, mais je pense qu'il serait impoli de ne pas vous répondre. Tout d'abord en soulignant que je comprends votre sentiment de colère, tout en déplorant qu'il soit le point de départ de votre commentaire, si bien qu'il est impossible que ledit commentaire soit véritablement analytique. L'analyse, en effet, constate le bien comme le mal, le négatif et le positif, le pour et le contre: et elle tire de là des conséquences et des conclusions. Ces conclusions peuvent d'ailleurs aller dans votre sens, mais elles seront plus convaincantes car nuancées. Lorsqu'elles sont sans nuances, ceux qui sont d'un point de vue différent ou opposé vont simplement se braquer, et de ce fait il n'y a pas de dialogue. Je m'excuse du fait que je ne pourrai pas faire des réponses en bonne et due forme à vos questions, car elles me semblent purement rhétoriques (mais je peux me tromper). Ce qui va suivre n'est donc qu'une série d'avis réagissant à chacune de vos interrogations, et qui vous feront peut-être hausser les épaules et penser "bof". (1) Politique raciste et islamophobe: tout ne se résume pas à ces tares, cette affirmation a besoin de nuance, autant que pour ceux qui pensent que toute la politique africaine se résume à du tribalisme ou de la corruption. Par ailleurs, il est certain qu'il existe une francophobie virulente en Afrique francophone. Pardonnez-moi de croire que toutes les phobies sont mauvaises, pas seulement l'islamophobie. (2) Dans cette interrogation, le sujet "France" est indéterminé. Dans tous les cas, de nombreux Français sont préoccupés et angoissés par les phénomènes que vous déplorez, marchent contre ça et font des enquêtes d'investigation pour contraindre les autorités à réagir (Médiapart par exemple au sujet des néonazis dans l'armée). Mais on peut choisir de ne voir que le mal, ce qui serait une erreur car c'est ce que font les Français racistes à notre égard, nous Africains. (3) Priorité me paraît excessif, mais en tout cas je suis contre cette industrie de l'armement, française ou autre: les marchands de mort. Malheureusement, les djihadistes sont armés et utilisent leurs armes. Donc on est obligé de faire pareil. Soit dit en passant, c'est plutôt en Europe de l'est que les États du Sahel se procurent leur armement. (4) Je renvoie à mon avis 2. Je trouve qu'il y a bien des gens en France qui combattent cette idéologie et qu'il convient aussi de tenir compte de leur humble existence. (5) Je n'ai pas vraiment entendu l'État français (encore un sujet indéterminé) tenir ce propos, mais effectivement, tout État a tendance à embellir son passé, car c'est un facteur de mobilisation ou de cohésion nationale. Nous aussi, en Afrique, nous mentons sur la colonisation, mais dans l'autre sens, en affirmant que ce fut de bout en bout un enfer sans rémission et que tous ceux qui s'y étaient opposés étaient des glorieux résistants (étant historien, je sais que ce n'était pas le cas pour la plupart d'entre eux). D'ailleurs notre discours anticolonial a des effets en France, ayant poussé Macron (parlant d'État français!) à affirmer que la colonisation était un crime contre l'humanité, ce qui est vrai pour certains de ses aspects (d'ailleurs la formule crime contre l'humanité a été pour la première fois utilisée sous cette forme contre la politique coloniale de Léopold II de Belgique dans l'État libre du Congo, politique analogue à celle appliquée par les Français en Afrique Équatoriale. La généalogie de cette formule nous ramène à Bartolomé de Las Casas qui utilisé une formule similaire à l'encontre du colonialisme génocidaire des Espagnols dans l'Amérique tropicale). La droite française n'oppose que sa stupide formule de "non à la repentance" qui n'a aucune chance de convaincre les Africains que la colonisation avait aussi d'autres aspects difficiles à qualifier de crime contre l'humanité. Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire. J'ai lu vos conclusions avec intérêt mais sans être convaincu de leur bien fondé. J'espère que vous ne m'en voudrez pas. Merci pour votre réaction et bonne journée!

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Analyse brillante, merci. Il y a cependant un problème d'orthographe : le mot "burkinabè" est invariable si on se réfère à la loi du Burkina Faso, donc il ne s'accorde ni en genre ni en nombre. Seuls certains médias français comme Le Monde se permettent de ne pas respecter cette règle burkinabè.

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Bonjour, oui, et de plus il doit y avoir plein de coquilles encore à "éradiquer". C'était écrit un peu d'un trait...

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un texte remarquable vu de Paris...

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Merci Dr pour cette analyse brillante

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