Ce qu’on pourrait appeler « la guerre de destruction de l’Ukraine », comme il y eut jadis une « guerre de destruction de l’Irak », et comme il y a, en ce moment même, une « guerre de destruction du Yémen », est présentée, suivant le sentiment que l’on cultive, comme une lutte défensive de la Russie contre l’OTAN – non pas « si nous voulons la paix, préparons la guerre », mais « si nous voulons la paix, faisons la guerre » – ou comme un conflit entre la démocratie et la dictature. On peut ajouter une troisième perspective qui serait d’une vérité plus complète et plus utile d’un point de vue « cosmopolitique ».
Mais avant d’y arriver, un mot sur les deux perspectives dominantes (et qui se présentent comme mutuellement exclusives).
La thèse OTAN
Je suis sceptique quant à la première perspective, celle qui met l’accent sur « la responsabilité de l’OTAN ». Vladimir Poutine n’invoque guère l’OTAN pour expliquer sa politique d’agression, et la thèse est utilisée surtout par ses supporters d’un côté, et les analystes de l’école réaliste des Relations Internationales[1] d’un autre côté. Il s’agit là de justifications ou d’explications a posteriori, c’est-à-dire découlant du fait que l’agression russe s’est transformée en guerre, et une guerre doit se justifier (supporters de Poutine) ou s’expliquer (théoriciens réalistes).
Seulement, la guerre n’était pas l’objectif de Poutine. Poutine a énoncé lui-même son action comme une « opération spéciale de démilitarisation et de dénazification », c’est-à-dire, en clair, une expédition impériale théoriquement courte et propre destinée à renverser le pouvoir à Kiev et à prendre ensuite le contrôle, par télécommande, des fonctions régaliennes de l’État ukrainien, à l’instar de ce qui se passe déjà en Biélorussie, quoique, dans un premier temps, de façon plus intrusive.
Le terme de « dénazification » qui peut paraître étrange à première vue ne l’est pas tant que cela. D’une part il peut servir à légitimer l’expédition impériale aux yeux des Russes pour qui la plus grande heure de leur histoire, heure qui reste encore très vivante dans les mémoires des plus âgés, est celle de la lutte contre l’Allemagne hitlérienne, connue dans le pays comme « la grande guerre patriotique » ; et d’autre part, il peut rencontrer un écho favorable en Occident, en comptant du moins que l’expédition réussirait rapidement et que les groupuscules néo-nazis qui existent effectivement en Ukraine, comme d’ailleurs dans bien des pays d’Europe de l’Est, pourraient être mis en épingle pour « prouver » l’accusation a postériori.
Je suis mystérieusement abonné (je ne me souviens pas d’y avoir souscrit) depuis quelques années à une double newsletter gratuite intitulée « Delphi Initiative/Defend Democracy Press » et qui offre une perspective alternative plutôt de gauche – dans le sens de ce type de gauchisme international qui est aussi de l’antioccidentalisme – sur les affaires du monde. Cette officine en ligne, qui me paraissait parfois avoir partie liée avec la propagande russe, avait fait des gorges chaudes du « nazisme ukrainien » il y a quelques années, y voyant notamment un élément du « complot occidental » qui a abouti au putsch populaire contre Viktor Ianoukovytch en février 2014. L’argumentaire ne m’avait pas convaincu en son temps, mais avait tout de même jeté, à mes yeux, une lumière intéressante sur la complexité des événements ukrainiens de février 2014 et de la manière dont ils pouvaient être perçus ou interprétés non seulement par certains intellectuels russes (et Poutine), mais aussi par certains gauchistes internationaux qui ont de la sympathie pour la position russe (largement, par antipathie pour la position occidentale).
De ce fait, Poutine pouvait inclure dans ses calculs sur l’expédition ukrainienne une probable passivité de l’opinion publique occidentale, aussi bien à gauche (en France par exemple Jean-Luc Mélenchon représentait une connexion avec le gauchisme international) qu’à droite, où tous les leaders « réacs » et « fachos » étaient depuis des années en pâmoison devant les manières d’ours mal léché du maître du Kremlin sur tous les sujets sociétaux qui fâchent.
Par ailleurs, le lien établi à gros traits entre les groupuscules nazis et le mouvement démocratiste ukrainien permettait de transformer l’œuvre fictive de dénazification en une œuvre réelle de « dédémocratisation ».
En somme, alors que Bush Junior avait envahi l’Irak pour forcer les Irakiens à démocratiser, Poutine envahit l’Ukraine pour la contraindre à entrer en dictature.
Ce qui nous amène à la deuxième perspective évoquée en liminaire.
Démocratie contre tchékisme
Cette perspective me paraît plus proche de la vérité sur les motifs de Poutine, mais pour des raisons plus complexes que celles qui sont généralement avancées, et qui se contentent d’évoquer une sorte de « conflit de civilisation » entre tenants de la démocratie et thuriféraires de la dictature.
Ce que les Occidentaux appellent « démocratie » ne se résume pas à un simple régime politique, puisque le régime en question repose sur un système de valeurs similaire à ceux qui ont pu être générés, par le passé, par les religions. C’est, en l’occurrence, le libéral-humanisme, parfois aussi appelé, dans ses manifestations concrètes, la « société ouverte ». Bien que ses promoteurs des pays occidentaux le conçoivent parfois comme un ensemble de « valeurs occidentales », ce système de valeurs a un côté « portatif » (certains disent un peu pompeusement « universel ») qui lui permet de se reproduire, avec plus ou moins de bonheur, dans toutes sortes de pays et de sociétés, parfois dans des conditions très inhospitalières (en Afrique par exemple). Alors que ses promoteurs occidentaux se lamentent de sa faiblesse et de sa précarité, le libéral-humanisme est souvent perçu comme une menace difficile à combattre et une subversion de tous les instants par toutes sortes de groupes et d’individus, que ce soit dans les pays occidentaux – où il existe de forts courants antilibéraux, antihumanistes et de conservatisme religieux – ou ailleurs à travers le monde. En Russie, il représente une menace politique du point de vue du régime politique non répertorié qui a émergé dans ce pays au fil des vingt dernières années grâce à Poutine.
Après la chute du mur de Berlin, le libéral-humanisme a pu se propager dans l’est de l’Europe et pénétrer en Russie à la faveur de son intégration à la sphère économique globale régie par l’industrie et la finance occidentales, et du développement connexe d’une classe moyenne vivant de cette intégration – au-delà des oligarques qui attiraient alors surtout les regards. Vers la fin des années 1990, les premiers oligarques avaient entamé le processus de mutation d’élites économiques en élites politiques (qu’on se souvienne de Mikhail Khodorkovski, détruit par Poutine en 2003). Si ce processus avait continué, ils auraient probablement constitué le type de classe politique corrompue mais ayant objectivement besoin du régime démocratique-libéral pour exister, que l’on observe dans toutes les « démocraties émergentes ». Nous ne le saurons jamais car Poutine a mis fin à cette évolution.
Sans spéculer sur ses motivations, on peut observer que dans ce processus, Poutine a mis en place un régime politique pour lequel l’expansion du libéral-humanisme au sein de la société russe représente un danger. C’est un régime politique « tchékiste », relevant d’une tradition qu’il convient de respecter non pour sa valeur, mais parce qu’elle est la plus réellement durable des traditions politiques russes. Elle date en effet de la fin du XIXe siècle, de l’époque où les tsars durent créer une police secrète pour se prémunir contre le terrorisme révolutionnaire qui tenait à décimer les Romanov pour faire tomber le tsarisme (les tsar Alexandre II a ainsi succombé à un attentat à la bombe en 1881 et son fils et successeur Alexandre III a échappé de peu, en 1887, à un attentat ourdi notamment par Vladimir Oulianov, frère aîné de Lénine ; son frère, le grand-duc Serge, gouverneur de Moscou, a été assassiné en 1905; plus tard, une fois arrivé au pouvoir, Lénine a décidé l’extinction des Romanov). Le propre des polices secrètes est de développer une autonomie qui s’étend d’autant plus que le paysage institutionnel offre peu d’obstacle. Or le régime tsariste était, en dessous de l’autocratie de la couronne, un espace d’anarchie politique, de vide institutionnel – qu’essaya en vain de combler le grand ministre de Nicolas II, Piotr Stolypine, homme d’État modernisateur qui fut, vous l’aurez deviné, assassiné (1911), mais cette fois par un indicateur de l’Okhrana, c’est-à-dire de la police secrète du tsar, police que ce dernier contrôlait bien peu.
Si le tsarisme s’effondra en 1917, l’Okhrana lui survécut et fut récupéré par les bolchéviques qui la baptisèrent Tcheka (abréviation de « Commission extraordinaire ») avant de développer un complexe de polices secrètes et de renseignement proliférant dans une ambiance de paranoïa, d’état de siège et de lutte au couteau entre hiérarques révolutionnaires. Une liste non exhaustive de ces organisations jouissant d’une autonomie extra-légale pour assurer la sûreté de l’État, ou du régime, comprend le KGB et la GPU (les plus connus), mais aussi le NKVD, et les avatars que furent le NKGB, le MVD, le MGB et quelques autres plus informels.
Le phénomène de la police secrète n’était pas propre à la Russie ou à l’URSS, mais ces organisations sont toujours des armes dangereuses pour l’État lui-même, qu’elles peuvent réussir à parasiter et à contrôler si les garde-fous institutionnels ne sont pas assez nombreux et bien agencés. Or l’URSS ne disposait pas plus que la Russie tsariste de tels garde-fous, surtout au bout de trente ans de règne sans partage de Staline.
Lorsque l’URSS s’effondra, le complexe de polices secrètes lui survécut, mais sans être récupéré par un nouveau pouvoir. Le régime de Eltsine le laissa en place sans lui trouver d’usages cohérents, le laissant ainsi mijoter dans son jus pour le moins amer, et la démocratisation qui pouvait s’installer à travers l’assomption politique des oligarques lui faisait courir le risque de la destruction, y compris en organisant l’émergence de garde-fous institutionnels et d’irritantes exigences d’ « état de droit » et de « séparation des pouvoirs ». Dans cette mauvaise passe, il trouva un leader en la personne de Poutine – non pas un simple leader opérationnel, mais un chef politique, qui a su donner aux grosses idées de chambrée qui dominent généralement ce genre d’organisations (nationalisme épais, masculinisme toxique, retors esprit de manipulation, brutalité calculée mais sans limite) une forme politique dédiée non pas tant à un État – lequel n’existait plus vraiment – qu’à une sorte de mystique de la grandeur russe décalquée de philosophes peu connus hors de Russie et qui sont des descendants intellectuels des « slavophiles »[2].
Pour ce régime « tchékiste », la démocratisation représentait donc un danger assimilable à du nazisme, si le terme est considéré comme une métaphore de toute forme de péril mortel et de menace existentielle. Il y a quelques jours, Poutine a délivré dans un stade un discours déjanté (il n’y a pas d’autre mot) dans lequel il a usé du terme révélateur de « purification » pour décrire le départ en masse de la frange de la société russe la plus en phase avec les valeurs portatives du libéral-humanisme. Pendant des années, il a utilisé les méthodes tchékistes pour neutraliser le mouvement démocratique en Russie, mais l’Ukraine après février 2014, représentait un danger similaire sur lequel les mêmes méthodes ne pouvaient être directement appliquées, puisque c’était un pays étranger. Étranger, et en même temps intimement lié à la Russie (géographiquement, culturellement, linguistiquement, même socialement), et qui avait basculé dans le monde libéral-humaniste, devenant ainsi pour la Russie poutinienne une sorte de Hong-Kong géant – avec le problème supplémentaire que, contrairement à Hong Kong, il jouissait d’une souveraineté d’État-nation inviolable en théorie (même si l’annexion de la Crimée, juste après la chute de Ianoukovytch, avait montré la fragilité de cette inviolabilité).
Il fallait faire quelque chose. Ce fut l’opération spéciale de démilitarisation (lire, de soumission totale au pouvoir du Kremlin) et de dénazification (lire, de dédémocratisation).
Opération qui, cependant (et ce n’était pas prévu), a dérapé vers une guerre de destruction.
Les empires contre-attaquent
La formule « guerre de destruction » peut paraître émotionnelle, mais il ne s’agit pas, ici, d’une réaction émotive aux énormités commises par Poutine en Ukraine.
La guerre de destruction est le résultat d’un conflit armé opposant deux pays aux moyens et ressources asymétriques et elle naît de la résistance acharnée du pays faible et agressé et de la persistance du pays fort et agresseur à vouloir à tout prix briser cette résistance, quoi qu’il en coûte. Il s’agit donc d’un phénomène bien circonscrit, bien que non répertorié car le concept a été inventé par moi (je crois). Je retrouve la formule dans mon journal de 2003, où, si puis me citer moi-même, je parle de la guerre de Bush en Irak comme d’une « guerre de destruction de l’Irak ». Il y a en ce moment, comme je l’ai rappelé au début de ce propos, une « guerre de destruction du Yémen » en cours, dans l’indifférence générale du monde (et avec des armes occidentales cette fois du côté de l’agresseur). Et d’une certaine façon, le conflit israélo-palestinien est l’effet secondaire d’une guerre de destruction de la Palestine jadis menée en tandem par la Grande-Bretagne et le sionisme politique, puis en solo par ce dernier – guerre victorieuse pour les sionistes, mais au prix d’un conflit chronique de style colonial qui demeure pratiquement insoluble à ce jour.
On peut d’ailleurs voir par cet exemple que si les Russes parvenaient, au prix de la destruction totale de leur pays, à soumettre les Ukrainiens, ils auraient créé un contentieux historique qui pourrait durer des décennies et empoisonner la politique russe pour un futur indéterminé.
Mais surtout, l’utilité de ce concept de guerre de destruction est de mettre en lumière le fait que le problème qui se pose en Ukraine n’est pas tant celui de l’expansion de l’OTAN ou de la civilisation libérale-humaniste que celui de la politique des rivalités impériales – problème qui est de niveau cosmopolitique en tant qu’il concerne l’ordre des relations entre les peuples au sein d’un même système mondial.
Il y a deux moyens de créer un système de coexistence cosmopolitique, de « vivre ensemble » entre les peuples et les nations : le droit, ou la force – ou plus précisément, le droit par adhésion et consentement, ou le droit par la force, qui est souvent le droit du plus fort.
Cette seconde voie a été prépondérante dans l’histoire de l’humanité, à travers l’essor des empires et de la « paix » qu’ils imposaient à tous, au prix de quelques humiliations et ressentiments que les nations soumises finissaient par ravaler grâce à la possibilité offerte de prospérer ensemble dans ladite paix, surtout si l’empire en question savait administrer avec justice ou, au moins, avec équité (ce n’est pas la même chose) les affaires du monde.
La première voie est bien plus rare. Je n’en trouve un exemple historique convaincant que dans le système du Dar al-Islam, certes établi au départ par des empires, mais qui était capable de générer du droit « international » sans encadrement impérial. Aucune autre religion, à ma connaissance, n’a inventé une telle pratique : c’est une exception islamique.
La civilisation libérale-humaniste propose également cette solution du « droit par adhésion », solution certes « souillée » par l’instrumentalisation qui en est faite par la politique d’empire des États-Unis et de certains de ses alliés (la France en Afrique par exemple). Et qui s’est trouvée mise en question par l’émergence, au tournant du XXIe siècle, d’États ambitieux résolus à pratiquer une politique de grande puissance et même d’empire.
Au départ, ces États ont été rassemblés par les commentateurs sous l’acronyme BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), mais au fil du temps, il s’est produit une décantation qui a séparé les ambitions moins crédibles (celles de l’Afrique du Sud, du Brésil et de l’Inde) pour laisser sur l’échiquier international un duo de tête, la Russie et la Chine.
Par ailleurs, contrairement par exemple à l’Inde ou à l’Afrique du Sud, ce duo de tête est dirigé par des régimes qui n’ont guère d’affinités (litote) pour les valeurs libérales-humanistes. Et la crédibilité de leurs prétentions impériales – basées surtout sur la force pour une Russie économiquement peu crédible et sur la richesse pour la Chine – nous ramène de façon de plus en plus prononcée au monde des politiques impériales rivales, un monde de guerre, souvent de guerre par procuration ou par intervention militaire pour définir des sphères impériales.
Dans une émission récente du podcast de Ezra Kein du New York Times (voir note 1 ci-dessous), Fareed Zakaria explique la nature et les périls du moment actuel. Les échiquiers impériaux, selon lui, peuvent subsister longtemps en respectant les règles permettant de préserver l’équilibre des puissances, règles qui reposent essentiellement sur la compréhension que chacune des puissances impériales a des contraintes qui s’imposent à elle du fait de la prise en compte des lignes rouges et autres intérêts stratégiques définis par sa ou ses rivales. Mais la période de naissance de ces échiquiers, lorsque les lignes rouges ne sont pas encore clairement reconnues et les intérêts vitaux des uns et des autres n’ont pas encore été légitimés, sont des moments où les dérapages dangereux sont possibles, même probables, y compris sous la forme de l’écrasement de régions qui constituent des pommes de discorde – l’Ukraine dans ce cas précis.
Par ailleurs, le fait que la Russie ne dispose que de la force pour définir sa sphère d’influence, ne pouvant user, comme la Chine, de l’attrait d’une économie surpuissante (l’Ukraine était pratiquement un satellite économique de la Chine), accroissait les risques de violence de son côté, comme cela a été démontré auparavant par la soumission brutale de la Tchétchénie ou les ponctions territoriales infligées sans ménagement à la Géorgie et à l’Ukraine.
Même lorsqu’ils sont seuls au sommet, les pays capables de mener des politiques impériales sont les principaux perturbateurs de la paix du monde, comme l’ont montré les États-Unis dans la période de leur « superpuissance » (pour reprendre le terme chagrin des éditorialistes français de cette époque lointaine d’il y a trente ans) ; le fait d’avoir maintenant à faire avec trois de ces pays n’a rien de réconfortant pour qui songe à l’avenir politique de la planète. L’Ukraine est une illustration tragique de cette angoissante vérité.
[1]Cela se remarque surtout dans les pays anglo-saxons, où le célèbre universitaire John Mearsheimer est le coryphée de cette perspective (voir ici et ici) depuis plusieurs années d’ailleurs (voir ici). Fareed Zakaria en offre une vision plus nuancée (voir ici et ici).
[2]Les « slavophiles » représentent un courant de pensée du XIXe siècle qui célébrait la supériorité mystique de l’authenticité russo-slave sur la décadence matérialiste de l’Occident. Ils étaient opposés par ceux qu’on appelait les « occidentaux », c’est-à-dire des intellectuels russes qui préconisaient l’occidentalisation de leur pays. Il faut se rappeler que c’est dans le contexte de ces débats que le contexte d’Occident a été inventé – si bien que l’Occident, conceptuellement du moins, est une invention russe.