Enseignement chinois
Où il est question de leçons tirées de conférences et cours donnés à Beijing.
« J’aimerais, cher professeur, vous faire savoir que le secrétaire général m’a demandé de vous faire part de certains détails de la réglementation en vigueur » annonça de sa voix sage, lisse et légèrement onctueuse – une voix un tantinet ecclésiale, une voix d’acolyte, au sens liturgique de ce terme – mon assistant d’enseignement (« Teaching Assistant ») Ran Sen (nom modifié). Je sentis tout de même une certaine hésitation entre les mots, un soupçon d’embarras. Son visage poupin et gentil, dont l’image vivante, projetée à une vitesse quasi-instantanée sur l’écran de mon ordinateur, me parvenait à travers les milliers de kilomètres me séparant de Beijing, était rendu peut-être plus impassible par le rendu plat des pixels. Les sentiments passent certainement mieux en trois dimensions.
« Notre logiciel de transmission peut suspendre la communication si vous abordez certains sujets », ajouta-t-il lentement.
« Ah, je vois », fis-je.
Puis, après une pause que je ne voulus pas rendre trop longue : « J’imagine en effet que certains sujets doivent être évités. »
« Oui, tout à fait », reprit Ran, un rien soulagé de la manière dont je semblais prendre la chose. « Tout ira bien, à vrai dire, si vous évitiez de parler de la Chine ».
« Cela sera facile, puisqu’il s’agit d’un cours sur l’Afrique, mais cela est tout de même dommage. Il eût été bon de parler des relations entre l’Afrique et la Chine à des étudiants chinois, mais je comprends. »
« Oui, cher professeur. Car sinon, la communication est interrompue ». Et il ajouta : « Cela arrive souvent ». Avais-je senti un haussement d’épaules intérieur ?
Cet intéressant échange par le biais de VooV, le Zoom chinois – lors de l’installation sur mon PC, un pop-up m’avait aimablement averti, en anglais d’aéroport, que mes droits sur mes données ne bénéficiaient d’aucune protection – s’inscrivait dans la préparation d’un cours que je devais donner à une trentaine de jeunes étudiants de l’Université Chinoise de Science Politique et de Droit.
En avril 1989, après la mort soudaine de Hu Yaobang, chef de l’aile libérale du Parti Communiste Chinois (PCC), des étudiants de cette université confectionnèrent une énorme couronne mortuaire pour lui rendre hommage. 500 d’entre eux se rendirent à la porte orientale du Palais de l’Assemblée du Peuple, sur la Place Tian’ amen, et réaffirmèrent la valeur de la politique qu’il avait voulu mettre en œuvre lorsqu’il était officiellement à la tête du parti, politique qui lui avait valu d’être mis brutalement à l’écart sur ordre de Den Xiaoping. Hu avait voulu favoriser la libéralisation politique de la Chine et enclencher un processus de démocratisation dans le pays. Il fut l’un des premiers dirigeants chinois à remplacer le costume Mao par le costume cravate, et n’avait pas peur de bousculer les vaches sacrées. Lorsqu’on lui demanda un jour lesquelles des idées de Mao étaient valables pour la modernisation économique de la Chine, il répondit tout uniment : « Aucune à mon avis ». Ses attitudes en avaient fait le héros de l’élite estudiantine chinoise, qui concevait la modernité politique sous les espèces du libéralisme et de la démocratie. Hu, d’ailleurs, ne finit par irriter Deng que parce qu’il réprimait fort mollement le mouvement estudiantin pro-démocratique, et, en avril 1989, ce mouvement a voulu se servir de son décès – des rumeurs d’empoisonnement ont circulé, mais officiellement, l’homme de 73 ans avait été foudroyé par une attaque lors d’une réunion du Politburo du PCC – pour s’en prendre de front au pouvoir communiste. On sait comment cela s’est terminé.
Le PCC a maté les étudiants et, on peut s’en douter, fait tout pour remettre dans la bouteille le génie de la démocratie que les étudiants – en particulier de cette université où je devais intervenir – avaient réveillé. Mais il n’est pas sûr qu’il y ait tout à fait réussi. Déjà en septembre 2019, lors d’une série de conférence que j’ai été invité à y donner, je me suis rendu compte à quel point les étudiants restaient intéressés par la démocratie. J’avais évoqué la démocratisation de l’Afrique et l’un des étudiants me posa une question très circonstanciée – pour être sûr de ne rien omettre, et parce qu’il avait du mal avec l’anglais, il avait écrit le texte de sa question qui faisait un paragraphe assez long – sur les raisons expliquant le fait que, malgré tous leurs problèmes économiques, les pays africains avaient tout de même réussi à mettre en place des régimes démocratiques. Question un peu surprenante pour moi, d’ailleurs, dans la mesure où j’avais fait un portrait peu reluisant de la démocratisation en Afrique : il n’empêche, cela était mieux que ce qui se présentait comme situation en Chine. Bien entendu, l’étudiant ne s’exprima pas directement sur ce point précis, mais pour le coup, j’étais dans cette salle de classe, il était assis juste en face de moi, et je pouvais lire son visage ; et il n’y avait guère de risque, non plus, que la communication soit « interrompue ».
Cependant, Ran ne me conseilla pas d’éviter de parler de démocratie. Mais il y avait un autre sujet sur lequel il aurait dû me donner un avertissement.
Le premier cours se déroula sans anicroche, et pour le rendre plus vivant, je montrais aux étudiants, en partage d’écran, une petite vidéo Youtube sur l’utopie d’une fédération est-africaine. L’enseignement portait sur « La politique en Afrique », thème quelque peu fourre-tout, et chaque session durait pas moins de trois heures, ce qui était assez excessif étant donné la faible anglophonie des étudiants et le fait qu’il s’agissait d’un enseignement à distance, donc empêchant les interactions directes qui maintiendraient les attentions éveillées. Des films pouvaient donc au moins distraire un peu les étudiants tout en me donnant le temps de souffler (comme ils parlaient difficilement l’anglais, je devais parler bien plus abondamment – et solitairement – que je ne le fais d’ordinaire dans un cours). Le lendemain, je donnais un cours sur les anciens systèmes politiques africains, évoquant notamment les empires du Soudan occidental. En point d’orgue, je lançai un film Youtube sur le fameux pèlerinage de Kankan Moussa à La Mecque – celui qui aboutit à une dépression décennale du marché de l’or au Proche-Orient. Au début, tout alla bien. Puis vint le moment où Kankan Moussa était arrivé au Caire et fut accueilli par les Cairotes dans un torrent d’exclamations en arabe. L’icône VooV se mit à sautiller sur le tableau de bord de mon PC puis l’écran de transmission devint tout blanc et un message apparut, m’informant que j’avais été « retiré » (« removed ») de la session et que mes identifiants avaient été invalidés. Échanges frénétiques d’emails entre Ran et moi, le cher garçon prétendant qu’il ne s’agissait que d’un problème technique, que cela arrivait tout le temps, et qu’il fallait simplement créer une nouvelle classe virtuelle. Le lendemain, cependant, nous eûmes une courte réunion privée sur VooV où il admit ce dont je me doutais : que mon film avait déplu à un protocole automatique de censure établi par la compagnie Tencent dans l’appareillage de VooV. Je compris tout de suite que ce qui avait déclenché le couperet du censeur, c’était le bruit quelque peu islamique produit par la foule arabophone qui accueillait l’empereur du Mali au Caire. Ran conseilla d’éviter de montrer des films à l’avenir, c’était plus simple.
L’événement était pour le moins mélancolique. L’État chinois, c’est connu, persécute les musulmans, en particulier Ouigours, depuis quelques années. Les États et médias occidentaux, qui perdent facilement la mesure dans leurs critiques (d’ailleurs justifiées par ailleurs) de la Chine, parlent de génocide et laissent planer le spectre du IIIe Reich en évoquant des camps de concentration dévolus à la torture et au viol, sinon à l’extermination. Le gouvernement chinois a reconnu l’existence de camps où des masses de musulmans ont, en effet, été amenés de force et je ne doute pas que des actes de violence criminelle puissent être commis dans un tel contexte. En somme, les États-Unis ont fait, non pas la même chose, mais quelque chose d’analogue lorsqu’ils ont établi un réseau de camps d’emprisonnement de terroristes et assimilés dans plusieurs pays « alliés » du Moyen-Orient ainsi qu’à Guantanamo. Le but des Américains était d’ailleurs plus glaçant puisqu’il s’agissait de torturer et, le cas échéant, d’éliminer des personnes, parfois innocentes, souvent détenues sans preuves, et cela, de propos délibéré. L’objectif de l’État chinois est différent : c’est un énorme programme d’assimilation forcée des musulmans à la culture centrale de la Chine, celle des Hans sécularisés. Les dirigeants chinois ont observé avec attention les difficultés des États occidentaux confrontés aux attaques des terroristes islamistes. De telles attaques ont commencé à se produire en Chine. Au lieu de commencer un débat démocratique, encadré par le principe des droits humains, sur les distinctions nécessaires à faire entre islam et islamisme, islamisme et terrorisme, les dirigeants chinois – qui sont tous, à présent, de l’aile dure du PCC – ont décidé que l’islam tout court était un problème pour la stabilité du pays, le bon ordre du gouvernement, et les plans de long terme de l’État et ils ont mis à l’œuvre une solution singulièrement drastique : un génocide, oui, mais culturel, non physique. Il ne s’agit pas d’exterminer les musulmans, il s’agit d’exterminer l’islam. Cela, d’ailleurs, non pas par islamophobie, mais par une sorte de pragmatisme totalitaire. En l’occurrence, la fin n’est pas l’extermination de l’islam – ce qui serait en effet le telos pour l’islamophobe – l’extermination de l’islam n’est qu’un moyen, un des nombreux moyens, pour arriver à la fin : une Chine une et unie, prospère et dominante au cœur et au centre du monde. Les agitations salafistes et djihadistes à travers l’hémisphère occidental ainsi que dans le voisinage proche (Thaïlande, Philippines) ont averti l’État chinois que s’il n’y mettait pas vigoureusement le holà, il se retrouverait très probablement à gérer les retombées d’attentats terroristes ou à affronter des groupes armés djihadistes opposant le Califat au Rêve chinois. L’ensemble de l’appareil de contrôle de l’État a été mobilisé à cet effet par voie de directives, y compris le secteur des télécommunications, et c’est ainsi que Tencent s’est retrouvé à planter dans ses circuits de visioconférence un censeur automatique qui ne fait pas dans la dentelle et se réveille dès perception d’un quelconque mot clef connotant l’islam. L’idée, apparemment, est de purger l’espace public de toute référence à cette religion – idée folle (mais typiquement étatique), et qui ne peut être mise en œuvre que de la façon lourdaude dont j’ai été victime.
C’est souvent dans les détails et nuances que s’appréhende le mieux la vérité d’une situation. Un État raisonnable, c’est-à-dire un État non idéologique (si cela se peut : disons, un État dont le centre de gravité n’est pas une idéologie), aurait été plus subtil. Il se serait dit : cette purge référentielle de l’islam, appliquons la pour le grand public ; nul besoin de le faire cependant à l’université, car il est utile que les étudiants, l’élite du savoir, sache et apprenne. Le fait que Tencent ne fasse pas dans la dentelle – comme il aurait pu, si une directive l’en avait instruit – révèle l’extrémisme idéologique, donc peu raisonnable, de l’État chinois actuel, au moins dans sa politique intérieure. Borges a un jour averti que le vice le plus dangereux de la dictature, c’est qu’elle fomente l’idiotie – à force de contraindre au silence et au tabou.
Cet extrémisme d’État provient, dit-on, de la vision que le patron actuel du pays, Xi Jiping, se fait de sa mission historique. Il se place dans une trinité comprenant Mao, Deng, et lui-même. Mao a libéré la Chine, Deng l’a rendue riche – reste, pour lui, la tâche de la rendre puissante. D’ici à 2049, date centenaire de la fondation du PCC, la Chine doit devenir la première puissance mondiale, et surtout, la puissance centrale, celle autour de laquelle gravitent tous les autres pays. Cette double place est occupée aujourd’hui, quoique de façon de plus en plus précaire, par les États-Unis, pays auquel la Chine a emprunté toutes les recettes de la puissance temporelle à l’exception de son régime politique – et on sait, à travers l’histoire de Hu Yaobang notamment, que même cet emprunt était une possibilité à une époque, et qu’il aurait pu y avoir quelqu’un qui serait arrivé aux commandes et qui se serait dit que sa mission historique, après la libération et l’enrichissement était la démocratisation. (Enrichissement = embourgeoisement et Hu était accusé d’être un suppôt du libéralisme bourgeois).
Du fait de Xi, donc, la Chine est devenue un pays complexe où le système économique et de gestion est très américanisé, très libéral (d’un point de vue économique) – résultat des réformes de Deng – alors que l’encadrement ressemble à ce que serait l’Église catholique si elle disposait d’une force armée gigantesque et nourrissait des ambitions exclusivement temporelles. Hu avait voulu faire adopter des lois réglementant (et donc limitant) l’influence du PCC sur l’État chinois, ce qui aurait abouti à une sorte de séparation de l’État et du Parti assez semblable à une séparation de l’Église et de l’État. Mais Xi est, quant à lui, un membre orthodoxe du Parti, un croyant en sa force providentielle. D’ailleurs, c’est là ce qui se distingue son totalitarisme, que certains critiques occidentaux qualifient volontiers de fasciste (au vu de certaines des méthodes employées) du nazisme : il ne s’agit pas d’imposer la domination d’une race supérieure à une humanité réduite au statut d’hilotes et de vermine, mais de permettre l’accès de toute l’humanité au bonheur temporel. Certains idéologues chinois expliquent que telle serait la supériorité du magistère de la Chine sur celui des États-Unis. L’empire américain ne sait ni ne peut mettre fin à la misère humaine, et est de ce fait condamné à la précarité et à la chute. L’empire chinois, lui, serait en mesure d’organiser la prospérité universelle, le moment venu. En attendant, il s’agit d’acquérir la puissance, ce qui n’est pas sans dangers pour cette même humanité dans son ensemble.
La Chine a longtemps considéré les États-Unis comme son maître, son instituteur, dans l’art de la puissance temporelle. En 2019, le collègue qui m’avait invité à donner des conférences dans son université m’a fait faire en voiture un tour plutôt complet des universités de Beijing. Elles ont toutes été construites, me fit-il remarquer, au temps où la Chine imitait fidèlement l’Union soviétique, pays qui était passé en quelques décennies de l’état de semi-colonie paysanne et arriérée du capital occidental en la deuxième puissance mondiale, après avoir écrasé la machine de guerre allemande en 1945. Ce qu’il reste de cette aura rayonnante du pays de Staline, c’est donc l’architecture quelque peu brutaliste des grandes universités de Beijing. Mais l’intérieur, comme je le vis en pénétrant dans certaines de ces universités, n’avait plus rien de soviétique. Je me retrouvai tout d’un coup dans l’ambiance bien connue des universités et campus américains, jusque dans les attitudes et habillement des étudiants, les maniérismes des enseignants, la décoration des salles de classe et des bureaux professoraux. La Chine a méticuleusement copié les États-Unis, avec la même rigueur mise jadis à copier l’URSS – et, peut-on dire, de façon semblable au procédé utilisé par les Japonais pour moderniser leur pays à l’époque Meiji. Mais l’idée actuelle est qu’il n’est plus besoin désormais de copier les États-Unis : l’élève a dépassé le maître.
Je sentis ces contradictions dans les questions et commentaires que je parvenais à extraire aux étudiants. Je débutai l’un des cours par une longue présentation sur le concept de modernité, et demandai aux étudiants ce qu’ils comprenaient à travers un tel concept. Réponses : « industrialisation », « démocratie ». En somme : Amérique. En même temps, lors du cours sur la démocratisation en Afrique, on me demanda (question curieusement anonyme et qui me donna de ce fait des soupçons) s’il ne se trouvait pas de leader africain qui proposerait à sa population un système politique autre que la démocratie – ce qui est un écho de la critique systématique de la démocratie qui domine l’intelligentsia chinoise officielle en ce moment. Une étudiante, qui avait apparemment entendu parler des débats sur les troisièmes mandats en Afrique – mais qui est aussi, je n’en doute pas, très consciente du fait que Xi a décidé de ne plus respecter l’institution des mandats quinquennaux qui était en place au sein du PCC auparavant – demanda s’il n’était pas plus démocratique de ne pas avoir une telle limite sur les mandats présidentiels. Ma réponse a pris position plutôt en faveur de l’inverse. Pourtant, je ne voulais pas non plus idéaliser la démocratie, que je présentai comme un régime « difficile » et pétri de contradictions. Parmi les exemples que je donnai de cette contradiction se trouvait le fait la démocratie peut mener aussi bien à la protestation civique, comme celle qui a abouti au renversement de Blaise Compaoré au Burkina Faso en 2014 – précisément pour des histoires de troisième mandat – qu’à la protestation populiste, comme celles régulièrement organisées par les islamistes sénégalais sur le thème de l’homosexualité. Sur la diapositive, j’avais appliqué une photographie illustrant la révolte ouagalaise de 2014 et une autre montrant une manifestation homophobe à Dakar tenue en mai de cette année. Ces individus brandissaient une pancarte qui proclamait : « Pas de PD, Pas de PD, Pas de PD, Xaram ». En la commentant, je me mis à expliquer ce que voulait dire ce terme Xaram (Haram) et en quoi il renvoyait au populisme islamiste – lorsque le censeur automatique me coupa le sifflet. Cette fois, je ne fus pas expulsé de la salle virtuelle, mais Ran m’avertit que j’avais été brièvement mis en sourdine. La stupidité de la circonstance me fit presque rire : me voilà empêché de critiquer l’entité que le pouvoir chinois s’ingénie à dénigrer aux yeux de sa population ! La censure est une pente vers l’échec.
Et cela me rappela que la Chine, en effet, avait pris une tangente par rapport au maître américain. En dépit de la fameuse « cancel culture » attribuée à la gauche « woke » des États-Unis, ou aux goûts plus musclés de la droite américaine pour la censure et le bâillonnement sur certains sujets (actuellement, les questions raciales, Israël), le système américain fonctionne sur le principe de la liberté de critique et d’examen, de telle manière que le pouvoir du gouvernement, tout envahissant qu’il soit, ne s’aviserait pas de faire du « micro-contrôle » et de la surveillance généralisée. On reprochera toujours aux Américains leur période mac-carthyste, mais elle s’est terminée par une phrase célèbre, qui fut spontanément très applaudie en son temps parce qu’elle paraissait restaurer l’intégrité libérale du système : « N’avez-vous plus de décence, monsieur ? À la fin des fins, ne vous reste-t-il plus aucune décence ? » (Le personnage qui a prononcé ces paroles, le sénateur Joseph N. Welch, sembla l’avoir lâchée dans le feu de l’action, mais ses assistants ont plus tard rapporté qu’elle était très calculée – et jouait donc sur une compréhension habile de la mentalité politique américaine). Il est très possible que le secret le mieux gardé du succès américain, c’est précisément cette appétence libérale, que la Chine, pour l’heure en tout cas, préfère ne pas embrasser, retournant, en un sens, à la pratique d’une domination d’État vétilleuse des empires du passé qui a pourtant abouti à la sclérose, puis à la défaite et à l’humiliation face aux Occidentaux.